Ai-je renié l’alimentation cétogène?
Avant de te donner à ma réponse, un petit rappel s’impose.
Bon nombre d’entre vous qui me suivez depuis un bout de temps savez que j’ai adopté l’alimentation cétogène en 2017-2018. Cela m’a permis de perdre 93 lb et d’atteindre un poids que je n’avais jamais atteint à l’âge adulte. J’ai écrit un livre qui relate toute l’expérience que j’ai vécue et qui donne des conseils (La p’tite grosse d’à côté a enfin maigri pour de bon; l’aventure cétogène d’une bibitte à sucre). Je suis très fière de ce livre. J’avais fait énormément de recherches à l’époque et j’y ai donné mon opinion, car je ne partageais pas le même avis que plusieurs dans le monde cétogène à certains égards et je sais que les gens avaient besoin d’un autre point de vue.
J’étais certaine d’avoir enfin trouver LA façon de perdre du poids et de le maintenir pour le reste de ma vie. Jamais auparavant avais-je pu perdre du poids en mangeant des trucs hyper bons. Ouf. J’étais cétogène stricte, ce qui veut dire que je ne prenais que 20 g de glucides par jour, maximum. Je ne déjeunais pas (ce qu’on appelle un jeûne intermittent de 16 h) et j’ai longtemps et souvent jeûné pendant des 24 heures d’affilées. J’aimais tout ça.
Mais mon corps – et mon trouble alimentaire que je n’avais pas encore identifié – n’a pas aimé ça. Du tout. Une fois en phase maintien, j’ai recommencé à avoir des crises d’hyperphagie. Au début, j’outremangeais en ne mangeant que des aliments cétogènes, donc je me disais que ce n’était pas trop grave. Puis, tranquillement – insidieusement – des aliments élevés en glucides se sont immiscés. De plus en plus et de plus en plus fréquemment. Jusqu’au jour où j’ai craqué, n’en pouvant plus de la souffrance psychologique. J’ai d’ailleurs écrit sur ce jour fatidique ici.
Depuis mon coming out comme hyperphagique boulimique, les gens me demandent ce qu’il advient de mon aventure amoureuse avec l’alimentation cétogène. Laissez-moi vous dire que j’ai eu une grande réflexion là-dessus.
Ça fait des semaines que je me demande comment je me positionne face à l’alimentation cétogène, mon livre et tous les gens qui me suivent. Suis-je en train de renier l’alimentation cétogène? Dois-je retirer mon livre? Dois-je le modifier? Je mange comment actuellement? Que dire aux gens. Oh, que de questions.
Puis, je suis tombée cette semaine sur un post FB sur la page d’une coach en alimentation cétogène. Quelqu’un a demandé s’il y avait des gens qui étaient hyperphagiques. Et là, il y a plein de monde qui ont répondu que l’alimentation cétogène avait réglé ça. Fini l’hyperphagie apparemment. La coach a même dit qu’elle gérait ça comme suit : quand elle déconne, elle se reprend vite en main en jeûnant, histoire de faire un reset, puis revient à ses bonnes habitudes. Là, j’ai vu l’ampleur de la méconnaissance des troubles de l’alimentation. Si pour toi t’imposer des restrictions, c’est gérer ton trouble, tu te mens, car tu ne fais que retarder une crise et tu restes enchaînée à ton trouble. Mais si ça ne t’intéresse pas de te libérer et qu’être mince est plus important que ta liberté, moi je dis ok. Tes chaînes ne te font pas trop mal et tu es bien là-dedans. Alors continue si tu es bien!
Dans mon cas, je n’étais plus bien et plus capable de toujours me restreindre. J’ai découvert pendant ma thérapie qu’une de mes valeurs fondamentales, si ce n’est la plus importante, est la LIBERTÉ. J’ai vécu enchaînée de nombreuses années à plein de trucs, alimentaires ou non, alors que mon coeur criait pour être libre. M’imposer des restrictions devient de plus en plus insupportable. Mais ça, c’est moi. Et c’est cette soif de liberté qui m’a amenée à chercher de l’aide.
Quand tu en apprends plus sur les troubles alimentaires (TA), tu comprends que ce qui t’a amené là – en tout cas c’est mon cas – ce sont les périodes de restrictions alimentaires très contrôlées suivies de débandades alimentaires (orgies de courte ou longue durée). Donc, tous les interdits accumulés et les innombrables recommandations alimentaires intégrées au fil des ans que je me suis imposés dans le cadre des divers régimes entrepris ont été un terreau fertile au développement du TA.
Plus tu t’imposes des restrictions, plus tu nourris ton TA, plus tu te pètes la gueule à chaque maudite fois, plus tu te haïs, et plus le monstre grandit. Dans le cadre d’une thérapie pour traiter un TA, tu comprends vite que les régimes (on entend par régime toute façon de manger qui t’impose des interdits pour arriver à tes fins), c’est NON. Quand on m’a dit ça, j’ai failli perdre connaissance. Quoi??????? Tu me dis que je ne pourrai jamais plus suivre un régime ou m’interdire des aliments pour atteindre mon poids souhaité? Ben voyons donc! Pas possible. No way, tabern! Eh bien, apparemment que oui c’est possible, et c’est surtout préférable si tu veux être libre et arrêter de passer ta vie à penser à la bouffe.
Donc, revenons à ma question de base : ai-je renié l’alimentation cétogène? La réponse est oui et non.
Pour expliquer ça, permets-moi de te montrer quels ont été pour moi les avantages et les inconvénients de l’alimentation cétogène et quels sont les avantages et inconvénients de ma nouvelle façon de m’alimenter. Je t’ai fait un petit résumé (voir la vidéo).
Je m’éloigne donc des principes restrictifs de l’alimentation cétogène, car ça ne convient pas à quelqu’un qui a une relation toxique avec la nourriture et encore moins à une personne qui a un trouble alimentaire. Les restrictions sont une bombe à retardement.
Toutefois, je garde ce qui me convient de ce mode alimentaire (recettes, principes de l’alimentation plus faible en glucides) et je ne fais que ce qui me convient et me garde saine psychologiquement.
J’ai un deuil à faire, soit celui d’atteindre le poids parfait après plus de 40 ans à le chercher. Maintenant, je dois accueillir le poids qui est programmé génétiquement, car c’est lui qui me permettra de profiter de la vie et des aliments sans me faire violence. Il faudra sûrement que j’accepte que ce corps a des rondeurs (j’ai toujours été un peu enrobée, donc je soupçonne qu’il le sera une fois que j’aurai atteint ce stade).
Pour ceux et celles qui se demandent si j’ai perdu du poids depuis que j’ai changé ma façon de m’alimenter, eh bien oui, j’ai perdu du poids. Je ne sais pas combien, et je ne veux pas le savoir, car le chiffre sur la balance ou sur le ruban à mesurer me perturbe chaque fois. Ce n’était pas le but, mais je le souhaitais quand même, j’avoue.
Tout ce que je sais, c’est que je me sens bien, belle, désirable, satisfaite. Pourtant, je n’entre pas encore dans mes vêtements de février 2019. Et je ne sais pas quand j’aurai atteint mon poids naturel. Peut-être y suis-je déjà? Peut-être pas. Je suis partie à l’aventure et je m’ouvre à ce qui sera là.
Je ne suis pas guérie de mon trouble alimentaire (mais ne vous méprenez pas, oui, on en guérit et n’écoutez pas ceux qui disent le contraire), et je sais que j’ai du chemin à faire psychologiquement, mais je continue ma route, car je veux que celle-ci soit pleine de plaisir, de joie, de fierté et d’amour de soi. C’est ça que je veux pour le reste de ma vie. Je veux vivre pleinement.
Et toi, qu’est-ce que tu veux? Il n’y a pas de mauvaise réponse.
Sur ce, j’espère que j’ai répondu à tes questions. Si tu en as d’autres n’hésite pas à commenter ou à m’écrire.
Bisou
Bonsoir, merci pour ce témoignage plus que sincère. Cela m’a permis de comprendre un enchainement que j’ai eu quand j’avais fait le régime cétogène, tout allait bien jusqu’au jour où les glucides se sont immiscés de plus en plus fréquemment dans ma vie 😀 En clair, j’avais recommencé à remanger normalement, sauf que depuis c’est l’horreur, je ne perds rien, je fais des fringales sucrés horribles; j’adore les gâteaux et les pains maintenant :/ beaucoup trop, est-ce l’eefet de la privation de ma période keto ? je suis certaine que oui.
Bonjour, ben pareil pour moi des régimes pendant 20 ans, youpi cetogene…mais pourquoi je regrossis alors que je mange ceto? bon ben peut-être bien que c est pas ce que je mange mais mon rapport à la nourriture.. ça n aura duré que deux mois. ça aura fait la lumière sur le Ta. J ai commencé une thérapie ma psy a mit le doigt sur « la blessures d humiliation » j étais sceptique car je ne me souviens pas avoir été spécialement humiliée mais en y réfléchissant…oui. je suis a 3 séances on verra. je vise aussi la liberté alimentaire.
Bonjour! Je ne sais pas s’il est fréquent avec une alimentation cétogène d’avoir des palpitations cardiaques mais j’aimerais en savoir plus à ce sujet…Car moi je me suis retrouvée avec une fréquence cardiaque à 147 et tout le reste qui s’en est suivi…Cardioversion et médication probablement à vie par la suite…J’aimerais savoir si je suis la seule à avoir eu ces problèmes alors que je croyais que tout allait bien..(.Perte de poids, énergie stable, satiété bien contrôlée, réduction importante des douleurs inflammatoires, etc…)
Vous comprendrez que je ne suis pas médecin, donc je ne peux vous conseiller. Moi, j’avais des palpitations cardiaques plus rapides, tout le temps, mais ça ne me causait pas de problème comme tel, c’était surtout dérangeant. Perso, je ne connais pas de gens qui ont dû être médicamenté pour ça. Peut-être que ça aiderait d’être plus « libéral » dans votre alimentation. Votre médecin peut peut-être vous aider là-dessus. Bonne santé!