Voici un peu qui je suis. 

Bonjour, je m’appelle Marie Yolande Johanne Voyer, fille de feu Monique Trépanier, une péquiste convaincue, et de feu Jean-Guy Voyer, un fédéraliste tout autant convaincu. J’ai fait mes études en français au primaire, puis en anglais au secondaire. J’ai travaillé au fédéral, puis au provincial. On peut donc dire que j’ai passé ma vie dans des mondes parallèles. Ces paradoxes étaient bien à mon image finalement.

J’ai d’abord été coiffeuse. À 18 ans, j’ouvrais mon salon de coiffure. Être un patron à cet âge a été formateur. Toutes les erreurs que l’on peut faire, je les ai faites. Et j’ai appris. J’étais bonne en savoir-faire, mais j’avais des croutes à manger en savoir-être.

Ensuite, j’ai tout lâché et j’ai fait un peu de tout pendant deux ans, en attendant je ne sais trop quoi. Puis, je suis tombée enceinte, à 25 ans. Cela a été un événement majeur et a influé sur tous les choix subséquents. Je suis retournée aux études, pendant lesquelles j’ai eu un autre enfant. J’ai bossé, bossé, bossé et j’ai réussi… et j’ai maturé.

J’ai développé mon savoir-être au fil du temps. Depuis 2003, je gère des équipes, des humains. Je suis un gestionnaire de personnes, pas de chiffres. J’ai appris à connaître les gens et à travailler avec eux. Je connais l’être humain, cet être fascinant, complexe et multi-dimensionnel.  Je comprends très bien la complexité et le défi que représente la gestion des ressources humaines, sur le terrain, dans la vraie vie. Il n’y a rien de tel pour sa propre évolution.

En somme, on peut dire que j’ai réussi ma vie selon les normes de la société : une bonne carrière, trois beaux enfants, un mari aimant et des amis extraordinaires. Ça c’est la Johanne publique.

Le monde intérieur de la Johanne privé a eu un parcours un peu moins linéaire… Depuis ma tendre enfance, je me pose des questions existentielles sur la vie, sur ma place dans l’univers, sur qui je suis, sur ma valeur.

J’ai cherché des réponses à mes questions existentielles dans les livres, dans les religions, dans la philosophie, dans la psychologie, et j’en passe. J’y ai trouvé des pistes, et ma réflexion n’a cessé d’évoluer avec le temps.

Je me suis cherchée dans mes études, le regard approbateur des autres, mes emplois, mes enfants, mes relations amoureuses et dans une foule d’activités.

Je réussissais à trouver des brides de réponses, certaines qui s’avéraient vraies, d’autres fausses, et je n’étais jamais satisfaite. Par moments, j’étais découragée et décidais d’abandonner mes recherches et d’ignorer cette pulsion à l’intérieur. Le problème c’est que ma méthode de recherche avait des lacunes car je cherchais mes réponses à l’extérieur de moi.

Puis un jour, j’ai vécu un abandon si blessant que je me suis sentie voler en éclats. Plus rien ne faisait de sens. Je perdais tous mes repères. J’ai donc examiné tous ces morceaux et ai choisi de me refaire. J’ai gardé les morceaux que je trouvais utiles et écarté ceux qui ne l’étaient pas pour les remplacer par de nouveaux morceaux. Tout était à revoir. Ma vie extérieure était bien belle, et je réussissais au travail, mais mon monde intérieur était à une croisée des chemins. Et pour réussir, je devais cette fois regarder à l’intérieur de moi pour savoir qui j’étais, qui je voulais être, qu’elle était ma valeur, car il n’y avait plus aucune réponse à l’extérieur.

Ce fut un long et dur périple, mais un franc succès.

Aujourd’hui, je sais enfin qui je suis et ce que j’ai à apporter aux autres. Je suis complète. L’extérieur et l’intérieur se sont enfin alignés. Fini les vies parallèles.