Quand le doute m’assaille…

Il m’arrive parfois de douter de mes croyances, de ce qui me motive et m’inspire dans la vie. Je me demande si je me raconte des histoires pour éviter de voir la dure «réalité» en face. Je crois en une énergie créatrice disponible pour tous et à laquelle je peux me connecter pour guider mon expérience humaine. Je crois que nous ne sommes pas un corps ayant un esprit mais bien un esprit ayant un corps. Mais des fois… je ne sais plus. Quand il m’arrive de parler avec des gens qui ne partagent aucune de mes croyances et dont la seule conviction est que nous sommes le fruit du hasard, que nous sommes seuls, que cette vie est tout ce qui existe, alors je doute. Est-ce possible que nous ne soyons que des corps qui naissent et qui vivent cette vie sans autre signification? Is this all there is? Suis-je dans le déni? Mes croyances seraient-elles mon opium? Ou est-ce c’est l’ego qui veut me faire croire que rien d’autre n’existe? Mon cerveau me jouerait-il des tours?

Aujourd’hui, je commençais la lecture d’un autre livre de Wayne Dyer (un de mes auteurs fétiches). Son introduction m’a particulièrement marquée. Il présente une métaphore inspirée d’un récit écrit par un certain Henri J. M. Nouwen. Je vous la partage (traduction libre de ma part, et je m’excuse d’avance de ne pas être certaine de suivre les règles d’écriture régissant les dialogues, mais il fallait que ça sorte aujourd’hui).

Imaginez la scène qui suit, si vous le voulez bien. Deux bébés sont dans l’utérus de leur mère et ont la conversation qui suit. Nous appellerons ces jumeaux Ego et Esprit.

Esprit dit à Ego : «Je sais que tu vas trouver ça difficile à accepter, mais je crois vraiment qu’il y a une vie après la naissance.»

Ego lui répond : «Ne sois pas ridicule. Regarde autour de toi. Il n’y a rien d’autre. Pourquoi cherches-tu toujours à imaginer quelque chose en dehors de cette réalité? Accepte ta vie telle qu’elle est. Mets-toi à l’aise et oublie toute cette histoire de vie-après-la naissance.»

Esprit se tait pendant un moment, mais une petite voix l’empêche de rester silencieuse. «Ego, ne te fâche pas, mais j’aimerais ajouter quelque chose. Je crois également qu’il y a une Mère.»

«Une Mère!», dit Ego en éclatant de rire. «Mais c’est absurde! Tu n’as jamais vu une Mère. Mais pourquoi refuses-tu d’accepter que les choses soient comme elles sont? Faut être fou pour croire en l’existence d’une Mère. Il n’y a que toi et moi ici. C’est ça la réalité. Allez, attrape le cordon, va dans ton coin et arrête tes balivernes. Crois-moi, Mère n’existe pas.»

Esprit se résigne à ne pas poursuivre la conversation avec Ego, mais elle ne peut pas contrôler son agitation bien longtemps et le relance. «Ego,» l’implore-t-elle, «je t’en prie, écoute-moi et reste ouvert. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que toutes ces pressions que toi et moi ressentons, tous ces mouvements qui nous rendent parfois si inconfortables, toutes ces fois que nous devons nous replacer et ce sentiment d’étouffement qui ne cesse d’augmenter à mesure que nous grandissons, j’ai l’impression que c’est pour nous préparer à bientôt vivre dans un endroit lumineux.»

«Il n’y a pas de doute, tu deviens folle» réplique Ego. «Nous n’avons toujours connu que la noirceur. Tu ne sais même pas ce qu’est la lumière. Comment peux-tu envisager une telle idée? Ces mouvements et ces pressions sont la réalité c’est tout. Tu es un être à part, distinct. Ceci est ton chemin. La noirceur et les pressions ainsi que ce sentiment d’étouffement, eh bien c’est ça la vie, c’est tout. Toute ta vie, tu devras vivre avec ça. Attrape le cordon et reste tranquille.»

Esprit se retire pendant un moment, mais elle ne peut plus se retenir et ajoute : «Ego, il y a autre chose. Je te promets que je te laisse tranquille après ça.»

«Bon, vas-y,» lui répond impatiemment Ego.

«Je crois non seulement que toutes ces pressions et tout cet inconfort vont nous amener vers une lumière divine, mais que lorsque nous en ferons l’expérience, nous allons rencontrer Mère face à face et connaître un moment d’extase qui dépassera tout ce que nous avons pu vivre jusqu’à maintenant.»

«T’es complètement folle, Esprit. J’en suis maintenant convaincu.»

Wow, ça me parle ça. Ça me rassure. J’aurais exactement ce même genre de conversation avec un athée. Imaginons que nous sommes dans le ventre de l’univers et que ce que nous vivons nous prépare à vivre autre chose après notre mort. Où est la différence? Il n’y a aucune certitude ni d’un bord ni de l’autre. Faut juste y aller avec ce qui nous parle le plus. Je crois que tous méritent qu’on respecte leur opinion et leurs croyances, et qu’il y a de la place pour tout dans notre monde. Personne ne détient LA vérité pour le moment. Ce n’est qu’à ma mort que je le saurai (si jamais on a le temps d’avoir au moins cette certitude…)

Entre-temps, je choisis de croire en l’existence de Mère 🙂

Merci M. Dyer pour ce beau passage. Vous, vous venez de franchir le pas. J’espère que c’était ce que vous espériez.

Dompter l’ego. Changer le monde.