Voici le résumé de ce que j’ai vécu et expérimenté pendant tout le mois d’octobre. Si je devais résumer mon mois en un mot, ça serait : libération. Pourquoi donc? 

Je suis maintenant libre de manger pour me nourrir, pour me faire plaisir et pour m’aimer. Et je prends le pari de faire confiance à mon corps. C’est ce que j’ai entrepris de faire en octobre. 

Il reste pas mal de terrain à gagner, mais j’ai mis le ballon au jeu. J’ai du chemin à faire sur l’amour de soi et l’acceptation. Mais j’avance. Un. Petit. Pas. À. La. Fois.

Voici quelques décisions importantes que j’ai prises et que j’ai voulu expérimenter.

  • J’ai choisi de commencer à ÉCOUTER mon corps. 
    • Écouter la faim, pas quand elle crie, mais bien quand elle chuchote. Ça me prend des efforts. Ouf. 
  • J’ai pris la décision de MANGER QUAND J’AI FAIM et D’ARRÊTER QUAND JE N’AI PLUS FAIM (ou du moins faire de mon mieux pour le faire). 
    • J’entends ma faim, j’y réponds. Je choisis ce que je veux vraiment manger, ce qui va me procurer la meilleure sensation possible (physique, mentale et émotionnelle, la totale, quoi!), et j’arrête quand j’arrive à la satiété. Le maudit problème, c’est que la lumière “satiété” n’allume pas fort, fort dans mon plafond, donc je cherche des signaux. Un signal qui semble apparaître, c’est que je sens le besoin de prendre une respiration profonde pendant le repas; je crois que c’est alors la satiété ou l’annonce de son arrivée imminente. Je teste ma théorie et on dirait que ça marche (j’arrête au bon moment). 
  • J’ai crissé aux poubelles les RESTRICTIONS, les ALIMENTS INTERDITS et TOUTES LES RÈGLES ALIMENTAIRES
    • Ouais. J’ai fait table rase de tout ça. Quelle libération!!!!!! 
  • J’ai arrêté de compter quoi que ce soit.
    • Je regarde les ingrédients (histoire de ne pas manger de la merde), mais je me tiens loin des %, grammes, portions. 
  • J’ai opté pour manger SANS RIEN FAIRE D’AUTRE
    • Moi qui aime optimiser mon temps (même quand je pisse, je fais autre chose!), c’est tout un défi. Mais je m’entraîne!
  • Je me suis fait la promesse de RALENTIR quand je mange. 
    • Le feu n’est pas pogné. J’apprivoise ça. Des fois, j’ai hâte que ça finisse pour que je passe à autre chose! LOL
  • J’ai décidé de manger SEULEMENT CE QUE J’AIME.
    • J’ai jeté plein de bouffe que je gardais, car je n’aimais pas ces aliments tant que ça. Donc, ciao bye. Je ne me force plus à manger des trucs qui me déplaisent. Finito. De plus, je me suis rendue compte que lorsque je me force à manger des aliments que je n’apprécient pas vraiment, je suis portée à vouloir manger plus tard, même si je n’ai pas faim. Hum.

Tout ça m’a demandé des efforts, car c’est comme défaire 45 ans de programmation. Je défais donc les noeuds un à la fois, et je me pardonne quand je fais un faux pas. Un “mangeur normal” (c’est-à-dire qui n’est pas obsédé par ce qu’il se met dans la bouche à chaque instant) ne se flagelle pas quand il a mangé quelques chips alors qu’il n’a pas faim. Ben non. Je fais comme si j’étais l’un d’eux. Faut s’entraîner, n’est-ce pas? 

Pour m’aider, j’ai créé un document qui me permet de noter ce que je mange, comment je me sens sur les plans psychologique et physique, de cerner si j’ai respecté ma faim et ma satiété, etc. Ça m’aide à faire des liens, à me rappeler mes engagements. C’est hyper utile. Je vous le partagerai bientôt.

Toutes mes décisions touchant la nutrition m’ont profondément fait réfléchir et ressentir différentes émotions (joie, angoisse, tristesse, etc.) J’ai eu plus de hauts que de bas (même si mes articles ont surtout mis l’accent sur des états d’âme pas trop jojo). Il faut dire que j’écris sur des trucs qui se sont passées et pas sur l’aujourd’hui comme tel. 

Je suis surprise de constater que je n’ai eu aucune grosse crise (je n’ai pas sorti ma pelle pour manger!). Dans tout le mois, j’ai outremangé (c’est-à-dire manger sans faim physique) 4 à 5 fois. Grâce à tous les changements que j’ai mis en place, j’ai pu me contenter de m’observer SANS CULPABILITÉ NI HONTE. Ouais, tu as bien lu. Aucune maudite honte. Et ces épisodes n’ont pas entraîné une perte de contrôle totale. J’ai débordé sans que ça soit catastrophique. Wow. Je n’en reviens pas.

J’ai eu des moments d’inquiétude, car parfois, je sentais une euphorie et une concentration aiguës, comme lorsque j’étais au régime. J’ai eu peur que ce soit un signe précurseur de l’échec (quand tu penses que tu réussis, puis bang!, tu rentres dans le mur). Ma thérapeute m’a rassurée et m’a dit que c’est ok et que c’était normal de se sentir aussi dévouée tout en ayant peur d’échouer. 

J’ai vu aussi l’ampleur de mes attentes envers moi-même. Si je ne peux pas être parfaite, alors je suis un échec. Et pourtant, ce n’est pas la vérité. Faire une erreur, manger un maudit morceau de gâteau alors qu’on n’a pas faim ne fait pas de moi une “pas bonne”. Ça illustre seulement que je suis humaine. C’est très difficile de se montrer de la bienveillance. Ce mois-ci, je me suis donnée comme objectif de me pardonner (à tous les égards) au lieu de me flageller. Je vais devoir y travailler encore pas mal, je dois te le dire.

J’ai pu voir que j’avais un pattern le weekend. Le samedi matin, je me sentais anxieuse et débordée dès le lever. J’ai constaté que cela était attribuable à mes “to do lists” que je dressais dès mon réveil. C’est comme si je voulais tout faire en deux jours, comme s’il ne fallait pas perdre une minute, comme si tout était une priorité. J’ai pu prendre du recul et voir que personne ne me mettait de pression; je faisais ça toute seule, comme une grande. J’ai donc commencé à établir des priorités et – GROS CHANGEMENT – je me suis laissée du temps POUR MOI, pour faire ce que je veux sans obligation. Eh bien, vous savez quoi? Je réussis maintenant à faire pas mal de choses tout en me sentant détendue, et je trouve des moyens de rendre mes tâches agréables. Par exemple, lorsque j’ai plusieurs heures de cuisine à faire, je mets de la musique que j’aime et qui me fait danser. Il arrive souvent que je chante! Ça faisait une éternité que je n’avais pas fait ça, car j’ai toujours peur que mes choix musicaux tapent sur les nerfs de mon entourage. Eh bien, je me suis dit “on s’en bat les couilles!!!”. Et ça fait du bien!!!!!

L’actrice Helen Mirren a dit un jour : Si j’avais eu un conseil à me donner quand j’étais plus jeune, ça aurait été de dire “fuck off” plus souvent. Dans ce cas-ci, ça aurait été “fuck it!” J’aime bien!

La thérapeute veut qu’on travaille davantage l’aspect “amour de soi”. J’avoue qu’à ce stade-ci, je n’ai aucune idée comment m’aimer pour vrai. J’ai remarqué toutefois que je me sens plus légère, plus jolie. Je me sens dans ma tête comme si j’avais perdu du poids (tsé le feeling quand on se sent sur la coche?) À suivre!

J’ai eu de nombreux exercices à faire, et je veux en partager quelques-uns. 

  • Il y a eu un exercice où je devais écrire ce que j’étais prête à faire pour briser les innombrables règles alimentaires qui me gardent enchaînée dans ce cercle vicieux des régimes. J’ai trouvé ça intéressant, car j’ai dû être honnête et mettre sur la table les engagements que j’étais prête à honorer (voir les décisions prises plus haut qui sont en lien étroit avec cet exercice).
  • THE exercice du mois a été sans contredit la “Lettre à la petite Johanne”. Je devais dire à la petite Johanne ce que j’aurais aimé qu’elle sache, lui donner des conseils et lui montrer mon amour, comme si j’avais eu cette enfant devant moi. J’ai eu de belles émotions sincères. 
  •  Un autre exercice utile a été celui où je devais cerner ce qui a influencé l’apparition de mon trouble alimentaire ou qui le maintient. Évidemment, le fait de me mettre au régime à 8 ans a sans contredit l’événement à l’origine de tout. Les railleries de mes camarades, le regard des autres, l’attention malsaine de certains hommes, les régimes à répétition, les rejets, etc. ont pavé le chemin aussi. Chose étrange, c’est qu’à un moment donné, ce n’était plus les autres ou les événements extérieurs qui alimentaient mon trouble. C’était moi, juste moi. 
  • Dans un autre registre, il y a eu un exercice où je devais écrire les moyens que je prenais pour prendre soin de moi et me faire plaisir (autrement qu’avec la bouffe). Me Me crois-tu que ça m’a pris un temps fou à savoir ce que j’aimais???? La liste est encore courte, mais elle s’allonge tranquillement. 
  • Un autre exercice me demandait d’imaginer ma vie sans obsession avec mon alimentation et mon poids/corps. Comment ma vie serait-elle différente? J’ai eu l’impression que si j’arrêtais d’obséder comme je l’ai toujours fait, j’aurais pas mal plus de temps libre et j’essaierais pas mal plus de choses.

Voici ce que j’ai retiré des dernières semaines de thérapie :

  • Écouter son corps est un des meilleurs investissements à faire. Partir à la découverte de ses signaux de faim et de satiété est toute une aventure! 
  • Distinguer une faim physique d’une faim émotionnelle fait toute une différence.
  • Quand je sens la compulsion se pointer le nez, je cherche à faire une activité qui va me faire plaisir et me changer les idées.
  • Vu que je veux du plaisir quand je mange, je choisis des aliments que j’aime. Cependant, dans une assiette, il peut quand même y avoir des aliments que je préfère encore plus que d’autres. Avant, je gardais toujours le meilleur pour la fin, mais ça me forçait de continuer de manger alors que je n’avais plus faim. Donc, je commence par ce qui me tente le plus (ça pourrait être le dessert, pas de blague), et ensuite je butine entre les différentes composantes de mon repas, histoire d’avoir la chance de goûter à tout avant que la satiété s’installe.
  • Quand j’arrête de manger et qu’il me reste des aliments dans mon assiette, je les mets au frigo et JE ME DONNE LA PERMISSION d’en remanger si jamais j’ai encore faim plus tard. Très rassurant pour une fille comme moi qui a peur du manque.
  • J’ai vidé mon réfrigérateur et mon congélateur de tous les aliments qui ne me font pas jouir. Voilà, c’est dit. Je refuse de ne plus avoir de plaisir quand je mange.

Voilà qui conclut mon bilan du mois d’octobre. Oui, il est long, mais que veux-tu, j’ai fait du chemin pendant ce mois. J’ose croire que les prochains bilans seront beaucoup plus courts puisque le travail sur les gros enjeux ont été entrepris (oh! mais j’ai déjà fait cette promesse en septembre, n’est-ce pas?). Mais peut-être que la thérapie me réserve des surprises. Qui sait? 

On se revoit le mois prochain!

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